vendredi 28 février 2014

Boris VIAN (1920-1959)


Ecrivain, poète, parolier, chanteur, critique, jazzman, peintre..., Boris VIAN est l'un des artistes les plus fascinants de l'après-guerre, incarnant à merveille l’esprit de liberté et d’invention propre à la rive gauche parisienne des années 50.

Je voudrais pas crever est l'un de ses plus beaux poèmes, véritable philosophie de vie pour cet homme curieux et pressé de vivre, décédé à seulement 39 ans.

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles

Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...

jeudi 11 avril 2013

Leonard A. LAUDER


Pour avoir récemment offert sa fantastique collection consacrée au cubisme et comprenant 78 chefs-d'oeuvre de PICASSO, BRAQUE, GRIS, etc. au Metropolitan Museum (Met) de New York, bien sûr, mais aussi et surtout pour avoir vraiment tout compris à la vie en faisant sienne cette très belle formule : "si tu ne profites pas de ton argent pour voyager en première classe, ce sont tes héritiers qui le feront" :-).

Leonard, 80 ans, est le fils d'Estée LAUDER, créatrice de la célèbre marque de cosmétiques du même nom, qu'il a développée avec son frère cadet Ronald, également collectionneur d'oeuvres d'art (le Portrait d'Adele Bloch-Bauer I de Gustav KLIMT, c'est à lui ;-). Il a donc eu les moyens de ses ambitions...

CHRISTIE's, SOTHEBY's et les nouveaux riches russes ou chinois doivent faire la gueule, c'est sûr. Jubilatoire !

mercredi 20 février 2013

Christian WACRENIER


Pour son premier roman, Chat gris encre noire, largement autobiographique, dont la lecture m'a bouleversé.

L'auteur y donne la parole à son chat, seul être qui l'aimait vraiment alors que lui-même se débattait dans une histoire d'amour pour le moins complexe, que le félin nous narre. Il nous parle aussi - et surtout - de nous, pauvres humains...

Un ouvrage intelligent, bien écrit, parfois drôle mais surtout très émouvant.

C'est la première fois qu'une lecture me touche autant (que de larmes !), peut-être parce que j'ai le même regard - trop lucide ? - que l'auteur, via le petit animal, sur le terrible monde dans lequel nous vivons, bien égoïstement.

L'ouvrage est paru en 2008 aux éditions Publibook, qui le résument bien mieux que moi :

Théo et moi, on s’aime. Point de repère de mon existence, centre chaud et réconfortant où j’aime me nicher, je n’aspire, après de brèves échappées, qu’à me lover contre lui et sentir ses caresses… Théo, je l’aime. Celui que je maudis, c’est Pol, son amant, son bellâtre, son profiteur, son rapace, son mesquin, son avare. Il me répugne, cet homme infidèle et obsédé, de mauvais goût et fermement attaché à son complexe d’infériorité sociale. Pas difficile de prévoir la rupture : elle couve depuis si longtemps… A nouveau, il ne restera alors plus que Théo et moi, son chat. Et le désespoir qui s’infiltre. 

Un chat balade son regard sur les amours de son propriétaire, le monde, la violence et la haine qu’il recèle… Récit doux-amer d’une séparation, description résignée d’une humanité aussi surprenante que monstrueuse, "Chat gris encre noire" étonne par le point de vue tendre, décalé et critique qu’il impose au lecteur. Choisissant de nous immerger dans les pensées d’un chat, d’un témoin discret
du théâtre humain, Christian Wacrenier signe ainsi un roman à l’atmosphère cotonneuse et tout en clairs-obscurs.
 

Ancien enseignant, Chistian WACRENIER vit actuellement à Montmartre, décor de plusieurs de ses romans. Il y écrit et tient un blog, que je vous recommande bien sûr : Montmartre secret.

"Il y a au monde deux types d'humains, ceux qui sont sensibles à la vulnérabilité des plus faibles, dont les animaux, et ceux qui s'en moquent et l'utilisent... Il est bon de rencontrer des gens de sa famille élective".

Tout à fait, Christian :-) !

lundi 18 février 2013

... ceux qui réfléchissent ! (I)

"Je veux que, de ma dépouille réduite en cendres, on fasse de l'engrais pour les fleurs. De la poussière de femme pour nourrir les roses, voila une bonne façon de tirer sa révérence et de s'incorporer à la terre vivante, au lieu de ces boîtes où l'en enferme les morts comme s'ils étaient contagieux".

Françoise GIROUD (1916-2003), journaliste, écrivaine et femme politique française, in "Françoise", par Laure ADLER, aux éditions GRASSET (2011).

Je déteste également ce type de boîte. De l'air, et vive la liberté éternelle ! Et puis, après avoir mangé toute sa vie pour rester... en vie, être à son tour mangé sera une BA qui permettra à d'autres êtres de... vivre. La réincarnation, tout simplement, la vraie. Pour celle de l'esprit, on verra !

En ce qui me concerne, j'ai repéré un bougainvillé chétif surplombant un lagon d'une beauté à couper le souffle sur une petite île du Pacifique auquel j'aimerais bien servir de fortifiant un de ces jours...

jeudi 7 février 2013

Haudrey HEPBURN (1929-1993)


Une belle personne, tout simplement.

Et aussi une élégance qui n'est plus de mise aujourd'hui, hélas...

Photo © Derek HUDSON/Sygma/Corbis, prise alors que la célèbre actrice était en mission en Éthiopie pour le compte de l'UNICEF.

lundi 28 novembre 2011

Nicolas de STAËL (1914-1955)

"Nu couché" - Huile sur toile (1954) - 97 x 146 cm

C'est la découverte de cette merveilleuse toile dans la dernière Gazette de l'hôtel Drouot qui m'a donnée l'idée de ce billet.

Nicolas de STAËL est depuis longtemps l'un de mes peintres préférés et cette toile est l'un de ses chefs-d'oeuvre. Peinte en 1954 à Ménerbes, superbe petit village haut perché du Luberon où l'artiste put s'offrir un atelier après ses premiers succès aux États-Unis, elle est exceptionnelle à plus d'un titre : par sa qualité (simplification des formes, essentiellement travaillées au couteau, à l'aide de couleurs éclatantes et parfaitement accordées), d'une modernité étonnante, sa taille (l'artiste étant plutôt un adepte des petits formats) et sa provenance (elle a été acquise chez Jacques DUBOURG, son marchand historique, et est vierge de tout passage sur le marché).

Reproduite et exposée à de multiples reprises, ce bijou sera vendu le 6 décembre prochain par ARTCURIAL (1). Beau cadeau de Noël en perspective pour l'amateur qui aura le plaisir de l'accrocher chez lui et d'en jouir ! Gageons que ce ne sera pas un "nouveau riche" pour qui la peinture n'est qu'un faire-valoir social, ce type d'individu préférant plutôt quelque chose de plus tape à l'oeil et hautement spéculatif, du type KOONS, WHAROL, ou pire : "art contemporain chinois" ;-).

Pour en savoir plus sur de STAËL, lisez Les fulgurances de Nicolas de STAËL, remarquable biographie de l'artiste à la première personne, récemment parue aux éditions GUÉNA, sous la plume de Karin MÜLLER. Un petit livre qui se lit comme un roman et qui est une excellente introduction si vous ne connaissez pas l'artiste.

(1) Comptez 2 à 3 millions d'euros. Un cadeau quand on voit ce qui se vend par ailleurs...

samedi 26 novembre 2011

Danielle MITTERRAND (1924-2011)


Dans un monde brutal, gangrené par l'individualisme, le racisme et la bêtise, la perte d'une femme telle que Danielle MITTERRAND est assurément un coup dur.

Révoltée, engagée et insoumise, cette "conscience de gauche" consacra sa vie à tout faire pour le changer.

Tous ceux qui luttent contre l'obscurantisme ont là un bel exemple.

Le combat continue...